Avec les problèmes croissants d’approvisionnement en ressources, on entend beaucoup parler de sobriété énergétique et de sobriété électrique.
Mais une autre expression est de plus en plus employée par les experts en transition écologique : la sobriété hydrique. De quoi s’agit-il ? Qu’est-ce que la sobriété hydrique ? Comment l’atteindre ? On fait le point dans l’article à suivre.
La sobriété hydrique, c’est quoi ?
Le terme « sobriété » est employé pour désigner la modération. L’adjectif « hydrique » se réfère, quant à lui, à l’eau. En conséquence, lorsque l’on parle de « sobriété hydrique », il est question d’une consommation modérée de l’eau.
La modération s’oppose ici à la surconsommation, qui est due à une mauvaise maîtrise de l’utilisation de l’eau et à des usages inappropriés par rapport aux volumes disponibles.
La notion de sobriété hydrique est apparue avec la prise de conscience de notre dépendance à l’eau et de la raréfaction de cette ressource naturelle. En réalité, l’eau est toujours disponible sur Terre, notamment dans les mers et les océans. Mais l’eau douce de qualité se fait de plus en plus rare.
En cause, le réchauffement climatique et la hausse mondiale des températures, des épisodes pluvieux moins fréquents et trop intenses pour que l’eau alimente correctement les nappes phréatiques, les contaminations par des pesticides et autres produits chimiques et des besoins accrus du fait de l’augmentation démographique.
Lorsque l’on parle de sobriété hydrique, on exclut évidemment la consommation d’eau comme boisson, qui demeure vitale pour l’ensemble des habitants de la planète bleue.
L’objectif n’est donc pas de limiter les volumes d’eau que l’on boit, mais de réduire les quantités utilisées pour des activités non-vitales (remplissage des piscines, nettoyage des véhicules, arrosage…) et pour certaines activités industrielles.
En fait, il s’agit de passer à une consommation plus raisonnée, écoresponsable, qui doit permettre à chacun de poursuivre ses activités sans trop souffrir des restrictions.
Des restrictions qui concernent à la fois les particuliers et les professionnels, et qui s’étalent sur des périodes de plus en plus longues à mesure que l’on avance dans le temps.
Comment consommer l’eau de manière écoresponsable et atteindre la sobriété hydrique ?
Pour pallier le manque d’eau dans certains secteurs sans bouleverser nos habitudes, certains proposent des solutions alternatives, comme la construction de bassines pour les agriculteurs.
D’autres imaginent des procédés pour dessaler l’eau de mer, mais la technique demeure extrêmement coûteuse.
La meilleure option pour continuer à avoir de l’eau douce en juste quantité, c’est de s’engager à être plus sobre dans notre consommation hydrique. Afin d’utiliser l’eau de façon plus responsable, il est important de changer nos modes de production et de consommation.
Du côté des particuliers, il est possible d’adopter des bons gestes pour atteindre la sobriété hydrique :
- Privilégier les douches au lieu de prendre des bains ;
- Attendre que les lave-linge et lave-vaisselle soient remplis avant de les faire tourner ;
- Utiliser des accessoires spécifiques qui aident à mieux maîtriser la consommation, comme les mitigeurs thermostatiques et les mousseurs à installer sur les robinets ;
- Éviter de laver sa voiture trop souvent ;
- Installer des cuves dans les jardins pour récupérer les eaux de pluie et arroser ses plantes avec ;
- Manger moins de viande ;
- Réduire sa consommation globale, chaque objet produit nécessitant de l’eau…
Dans l’industrie en général, les volumes d’eau consommée sont énormes à l’heure actuelle. Production de denrées pour la consommation humaine ou animale, production textile, refroidissement des centrales électriques, alimentation des canaux… Toutes ces activités nécessitent d’importantes quantités d’eau.
Une mesure que tous les industriels peuvent prendre consiste à recycler les eaux de nettoyage. La pratique est déjà courante dans certains pays européens, mais en France, elle demeure minoritaire, ce qui joue en défaveur de la sobriété hydrique.
En outre, il est possible d’adopter des techniques de production moins consommatrices en eau. Par exemple, dans l’agriculture, il est possible de consommer moins d’eau en optant pour des cultures qui ont de faibles besoins hydriques.
Certains fruits et légumes comme l’ail, l’oignon, le topinambour, la rhubarbe, la betterave, le panais et l’asperge ne nécessitent pas qu’on les arrose souvent. Concernant les céréales, le maïs compte parmi les cultures les plus économes en eau.
À l’inverse, pour élever du bétail, pour cultiver de l’avocat et certaines variétés de noix, il faut mobiliser de grands volumes d’eau.
L’industrie textile est un autre secteur où il est possible de réduire la consommation d’eau, en travaillant, par exemple, à partir du lin ou du chanvre, et non plus du coton. Pour produire 1 kg de coton, jusqu’à 17 000 litres d’eau peuvent être nécessaires.
Pour un kilo de fibres de chanvre, moins de 3 000 litres d’eau suffisent. Quant au lin, l’eau de pluie à elle seule permet de le faire pousser.
Pourquoi est-il urgent d’être plus sobre en eau ?
Les experts sont unanimes. Si l’on continue sur notre lancée, les volumes d’eau douce disponibles seront bientôt insuffisants pour continuer à produire et à vivre correctement.
Si rien ne change, une crise mondiale de l’eau pourrait survenir, avec de véritables guerres pour l’accès à l’eau dans certaines régions du globe.
La sobriété hydrique permettrait d’éviter ces crises et de garantir un accès à l’eau à tous les habitants de la planète.
Rappelons que sans eau, toute vie est impossible. Autrement dit, le manque d’eau pourrait conduire à la fin de certaines espèces et de certaines communautés humaines. En préservant les volumes d’eau disponibles, on protège la vie sur Terre et on s’offre la possibilité de poursuivre les activités humaines les plus essentielles.
Que l’on soit un particulier ou un professionnel, un changement des habitudes pourrait, en outre, limiter les restrictions durant les périodes de sécheresse.
En effet, si tout le monde se met à consommer moins d’eau, les quantités disponibles pour des activités utiles pourraient augmenter, évitant d’être restreints à cause de la raréfaction de cette ressource naturelle précieuse et vitale.